Mois de l'égalité : Maëve Guicherd

Positive attitude

Maëve Guicherd, 24 ans, responsable d’une boulangerie à Villegly et joueuse de rugby au Racing Club Narbonnais fait rayonner sa positive attitude hors et sur les terrains. Pourtant, la jeune fille a connu le drame de violences conjugales mais a su se relever, comme sur les terrains.

 

Vivre ! Cinq lettres tatouées sur le mollet comme une délivrance, un mot d’ordre aussi synonyme de liberté. Maëve Guicherd, seulement 24 ans, a subi, comme beaucoup de femmes, des violences conjugales. Elle avait alors 19 ans et témoigne. 

Après avoir été frappée, j’étais au sol et j’ai senti mon souffle. Je me suis dit : tu respires, tu es vivante. J’ai fait ensuite un travail sur moi-même. Plus question de subir !
Le sport m’a appris le dépassement de soi. Dans la vie, il nous arrive des événements que l’on ne peut pas contrôler, mais nous avons le pouvoir de gérer cela à notre façon.
Maëve Guicherd

Aujourd’hui, la jeune femme vit à cent à l’heure et son sourire illumine la boulangerie de Villegly qu’elle dirige tout en nuance et bienveillance. Du haut de son mètre soixante-seize, elle peut aujourd’hui regarder la vie en face. Maëve partage son temps entre l’adrénaline professionnelle, la passion du rugby au sein de l’équipe du Racing Club Narbonnais et le goût du partage, notamment, avec les plus jeunes, au collège de Trèbes et avec les babys et moins de 10 ans du RC Trèbes Rugby.

 

Mon père ne voulait pas

Pourtant, la pratique de son sport n’a pas été une évidence pour la fille de l’ex-joueur de Top 14, Philippe Guicherd. "Mon père ne voulait pas. Il me disait que c’était trop dangereux. Mais il ne pouvait pas lutter !" confie en riant la jeune femme, véritable pile électrique.  Le chemin vers l’ovalie ne sera pas rectiligne et passera par une expérience à l’ASC XIII d’abord, puis l’USC. Maëve participe même, en 2021, à un tournoi international à 7 en Egypte avec l’Algérie - un de ses grands-pères était pieds-noirs -.

 

J’ai été marquée par la joie de vivre des joueuses sénégalaises. Quand je suis revenue, je me suis fait tatouer et j’ai décidé de faire un métier qui me plait et de rejeter tout ce qui est négatif !
Maëve Guicherd

Son retour au rugby résonne alors comme un retour aux sources pour celle dont les yeux brillent à l’évocation des tours de terrain sur les larges épaules de son père, les jours de triomphe en Top 14 à Albi. Maëve mettra pourtant le rugby sur la touche, un temps, pour se reconstruire. Elle tourne le dos, il y a deux ans, à ses pensées négatives et à sa licence en développement commercial et trouve un épanouissement au restaurant Le Comptoir à Villegly pour un nouveau départ. Quand en mai dernier, les propriétaires rachètent la boulangerie, elle propose d’en prendre la tête et retrouve en même temps le bonheur dans le près, tous les dimanches, avec "ses sœurs" narbonnaises du RCN en Fédérale 1.

 

Je ne serais pas qui je suis sans le rugby

Maëve avoue que son sport est déterminant dans son nouvel équilibre. "Je ne serais pas qui je suis sans le rugby." Et de pousser la métaphore comme on pousse en mêlée. "Tu es sur un terrain comme tu es dans la vie.  Si tu tombes avec le ballon, tu te relèves et on avance tous ensemble !". Malgré sa positive attitude, la jeune femme avoue être confrontée, au quotidien, à des comportements sexistes.

Combien de commerciaux qui se présentent à la boulangerie me demandent si le responsable est là ! Je rénove une maison et je fais face parfois à des professionnels qui doublent le prix parce que je suis une jeune fille.
Maëve Guicherd

Mais Maëve n’abdique plus, bien décidée à ne plus reculer et poser ses limites. Elle trouve aussi le bonheur dans la transmission auprès des jeunes qu’elle entraîne. "Plus jeune, j’aurais aimé avoir quelqu’un qui me dise : vas-y, oses ! Je suis convaincue que dans la vie comme au rugby, petits, costauds, extravertis, timides, tout le monde peut trouver sa place."

 

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