Culture : Dernier Bal et dernières larmes à l’ancien foyer

En cette fin octobre printanière, les engins de chantier et leurs godets destructeurs sont entrés en action pour donner le coup de grâce à l’ancien foyer de Villesèquelande. Vestige d’un passé révolu, théâtre de temps de mariages, en noir et blanc, de lotos sépias, d’arbres de Noël et de sourires d’enfants, cours de danse « eighties, » façon Véronique et Davida, et autres anniversaires, entre rires et larmes, envolés en volutes de fumée de bougies. Autant de tranches de vie et de jours heureux parties dans un nuage de poussière mais pas dans l’oubli.

Dans quelques mois, un parking végétalisé occupera l’espace pour donner une bouffée d’oxygène au centre du village dans le cadre d’un vaste plan de végétalisation du Village de l’Arbre. Fin d’un chapitre mais pas de l’histoire dans le grand livre ouvert de Villesèquelande où canal du Midi et ormeau de Sully, les deux témoins historiques veillent.

Histoire d’un Pop-Up Muséum

A Villesèquelande, on a le sens de l’humain, du partage et de la mémoire. C’est à l’initiative du maire, Aurélien Turchetto qu’est né ce projet de musée éphémère, Pop-Up Muséum dans l’ancien foyer. Instant aussi éphémère que fort en émotions, qui restera à jamais comme un nouvel épisode heureux pour le village et des centaines d’habitants.

L’histoire a commencé par plusieurs semaines de création pour sept artistes, enfants du pays ou pas, unis par cette même envie de relever le défi au sein du collectif « Dernier Bal ».

Des dizaines d’heures à partager ce même élan de création et de récréation, à faire ressurgir de leurs mains d’artistes des instants de vie évoquant ici les 14 juillet de feu et sans artifices, là les exploits de la bande à Zizou en 98… des lotos endiablés ou des bals… « pour un flirt avec toi ». Et à faire revivre en images les grandes figures du village et du foyer comme l’ancien maire, Marcellin Horus ou d’anciens président du comité des fêtes.

A l’extérieur, pendant toutes ces semaines d’octobre, les portraits noir et blanc des sept mercenaires de la création, immortalisés par Ludovic Charles, et deux murs, celui des prénoms et des écoliers, ont teasé le « Dernier Bal », les deux jours d’ouverture de ce musée pas comme les autres. Sur le mur des prénoms, on pouvait lire des dizaines de témoignages comme « Jean-Marie et Anne-Marie, avril 1977 », célébrant une union née entre les murs du foyer.

Le Dernier Bal

Les 11 et 12 octobre dernier, cette idée un peu folle d’un musée a pris forme. Les deux portes immaculées d’affiches façon années 60, 80 ou 2000, tombent en ce samedi festif. Il est 11h30 quand la foule d’anonymes découvre les œuvres des artistes. Des coupures de journaux, documents accueillent les visiteurs pour une immersion instantanée dans ce passé révolu pourtant si présent.

Les artistes, déguisés en braqueurs d’émotions, masqués façon « Casa de Papel », pour une performance en direct toute en rythme et créativité ont animé en musique et par le geste cette folle journée. Un Dernier Bal qui a pris tout son sens et fait vibrer la flamme de la culture dans un foyer incandescent.  

Pour nous, ce foyer est synonyme de fêtes ; les Noël, les Réveillon, les anniversaires… Je me souviens d’une anecdote. René Coll venait souvent et un soir, il est venu dormir chez nous, avant de partir le lendemain pour une autre date. La destruction du foyer fait forcément un peu mal au cœur mais toute cette aventure du Dernier Bal est très positive.

Simone Jalabert (épouse de l’ancien président du comité des fêtes) 

J’ai passé 40 ans de ma vie ici. J’ai connu des arbres de Noël enfants, j’y est voté. On y a appris à devenir des hommes. J’y ai rencontré ma femme et je m’y suis marié. J’en suis devenu, plus tard, le président des comités des fêtes. Et pendant deux mois, j’y ai passé des heures avec mes amis artistes.

Jean-Claude Lannes, artiste et ancien président du comité des fêtes